ANCIENS HABITATS TEMPORAIRES
Les ancêtres des burons
Autour des burons en pierre actuels où sur les crêtes des montagnes, on remarque encore des creux énigmatiques. Ce sont d’anciens habitats temporaires, ancêtres de burons construits par la suite en pierre. Ces cavités et ces bourrelets sont particulièrement bien visibles dans les herbages du Cézallier notamment sous les éclairages rasants qui soulignent les microreliefs, ainsi qu’au printemps lorsque la neige qui s’est accumulée dans les dépressions laisse apparaître des enfoncements. Et ce sont les archéologues qui les ont appelés « trous de cabane », constructions sommaires implantées dans un décaissement du sol.
Sur le Cézallier, ces creux de cabanes sont visibles notamment près des burons de Villeneuve-haut, sur la Montagne de la Jarrige et des Fortuniers, à Vins-Haut, à Anzat-le-Luguet non loin de la Sianne. Ils sont très repérables dans le paysage de certaines « Montagnes » sous forme d’alignements de cavités herbagées, en chapelets parallèlement aux courbes de niveau.
Ces cabanes sont les premiers burons qu’on utilisaient en certains endroits jusqu’au 19ème siècle. Monsieur Job, né à Molèdes en 1885, interrogé pour une enquête en 1952, datait la disparition des burons creusés dans le sol sur les « Montagnes » du Cézallier oriental aux années 1890-1900. Les deux types de burons ont donc pu cohabiter par endroit sur nos Estives.
Dans les « Montagnes » à lait, les pâtres-paysans creusaient dans le sol un trou peu profond autour duquel ils édifiaient des murs de mottes gazonnées, quelques piquets de bois pour former une charpente qu’ils recouvraient le plus souvent de mottes d’herbe tournées vers l’intérieur. Ces ancêtres des burons, faits de terre, bois, pierres et mottes de gazon qui provenaient d’un environnement proche, étaient simples à travailler avec les outils de tous les jours et faciles à renouveler car la plupart étaient périssables.
Les bâtiers vivaient donc « sous la motte », selon une expression courante au 19ème siècle dans notre région.
A côté de cette hutte rudimentaire ils en construisaient trois autres qui servaient de cave à fromage, d’étable à veaux, de loge à cochon. Régulièrement ils changeaient l’emplacement pour fumer les diverses parties des pâturages, enlevaient les portes des cabanes, arrachaient les bois (précieux à cette altitude) qui maintenaient le toit et ils allaient creuser ailleurs de nouveaux trous sans combler ceux qu’ils abandonnaient. A quoi bon ! La mobilité des abris permettait par ailleurs l’implantation successive dans des secteurs choisis pour fumer la montagne.
Les intempéries on l’imagine soumettaient tout l’édifice à des contraintes particulièrement sévères. Les toitures en particulier souffraient chaque année du poids de la neige durant plusieurs mois, tandis que les parois en partie creusées dans le sol étaient endommagées par les infiltrations et le ruissellement. Ce genre de bâtiment ne pouvait être que de courte durée et on en changeait donc souvent comme le rappellent les nombreux entonnoirs dans les pâturages d’Estive.
De cette pratique subsiste de petits fossés que l’on peut observer dans la « Montagne » de Vèze, Pradiers et Anzat-le-Luguet. Certains de ces trous ont pu servir de base à des constructions ultérieures de certains burons de pierre que nous connaissons. Ces constructions rationnelles en dur sont en fait les répliques pastorales qui existent depuis le 13ème siècle dans le Cézallier.
Il existe aussi ici et là des trous de taille réduite isolés au milieu des herbages, et certains de ces trous éparpillés peuvent avoir été de simples abris plus ou moins improvisés et mobiles que les pâtres construisaient pour se protéger momentanément des intempéries, à la façon de ces nombreuses cabanes en pierre sèche que nous trouvons sur les plateaux d’Auriac-l’Eglise, de Blesle, de Charmensac et Peyrusse.
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