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ARCHITECTURE D’ESTIVE
L’architecture pastorale à l’époque moderne, en moyenne montagne cantalienne, autour des vallées du Goul et du Siniq

Ce mémoire de master, réalisé en 2008, résulte à la fois d’une étude archéologique du bâti et de la recherche de documents archivistiques, essentiellement des plans des « montagnes ». Le secteur géographique pris en compte est un plateau volcanique d’environ 10 000 hectares situé au sud du Plomb du Cantal, entre 1250 et 1500 mètres d’altitude, au-delà de la limite d’habitat permanent. Ce mémoire de master basé sur une méthode pluridisciplinaire, renouvelle l’approche d’un sujet peu exploré par les chercheurs, malgré l’importance économique et sociale pour le département de l’activité pastorale laitière bovine, durant toute l’époque moderne, et jusqu’à la fin du XXe siècle

Le département du Cantal, bien connu pour ses fromages, l’est aussi pour son architecture d’estive. Des centaines de « burons », aujourd’hui en ruine ou transformés en maisons de campagne, parsèment en effet les pâturages saisonniers (appelés « montagnes »), dès 900 m d’altitude et jusqu’à 1600 m environ. Jusqu’à la fin du XXe siècle, ils servaient de laboratoire à la fabrication des fameuses fourmes de cantal, et d’abris pour le vacher et ses deux aides, généralement sur une période courant du mois de mai au mois d’octobre.

Dans la conscience régionale, les burons sont généralement considérés comme ancestraux. D’après les travaux de Léonce Bouyssou (ancienne conservatrice des archives départementales du Cantal), leur apparition remonterait au début du XVIIe siècle, mais aucune recherche n’a été suffisamment approfondie pour permettre de dater au cas par cas les structures encore visibles. De plus, l’organisation des bâtiments dans l’espace et les origines des édifices n’ont jamais été étudiés.

Ce mémoire de master, réalisé en 2008, résulte à la fois d’une étude archéologique du bâti et de la recherche de documents archivistiques, essentiellement des plans des « montagnes ». Le secteur géographique pris en compte est un plateau volcanique d’environ 10 000 hectares situé au sud du Plomb du Cantal, entre 1250 et 1500 mètres d’altitude, au-delà de la limite d’habitat permanent. Trois axes de réflexion ont prévalu dans ce travail : la recherche d’une méthodologie adéquate de datation des structures pastorales, la compréhension des modes d’utilisation de l’architecture d’estive, et enfin la détermination des principaux facteurs d’implantation des structures dans l’espace. Les recensements de sites architecturaux plus anciens, effectués dans le cadre du programme de recherche sur l’histoire du peuplement sur la planèze sud du Plomb du Cantal, dirigé par F. Surmely et Y. Miras, ont également fait l’objet d’une mise au point.

Plusieurs centaines de structures semi-enterrées, n’ayant laissé que la trace de leur creusement au sol, ont en effet été répertoriées sur une carte, toutes situées dans la zone de montagnes située au sud du Plomb. Selon leurs dimensions, leur forme et leur disposition (isolée ou groupée), ces sites ont fait l’objet d’une typologie. Certains, déjà fouillées dans le cadre du programme, sont des fermes médiévales désertées tandis que d’autres correspondent à d’anciennes structures saisonnières, très rudimentaires et antérieures au XVIIe siècle.

Les burons ont fait l’objet d’une étude plus approfondie. Une analyses détaillée de chaque type de bâtiment a été effectuée, non seulement les burons eux-mêmes mais aussi leurs annexes, loges à cochons et « védélats » (abris pour les veaux), comptant pour la moitié du total des bâtiments recensés. Un important corpus d’annexes comprend des fiches descriptives illustrées de photos, sur chacun d’entre eux, soit un ensemble de 104 bâtiments.

L’intégration des données dans un système d’information géographique (SIG) a permis la réalisation de diverses analyses relatives à leur répartition dans l’espace, notamment en fonction des aménagements existants et de l’orientation des édifices. Le relief, l’altitude, la visibilité et les contraintes climatiques apparaissent comme des critères déterminants pour l’implantation des structures. Une étude sur le parcellaire à l’époque du relevé des cadastres dits « napoléoniens » a également montré l’importance des espaces communaux dans le système d’estive.

Les premiers cadastres ont également été employés pour leur valeur indicative en matière de datation et de caractérisation des structures. Une comparaison entre la répartition actuelle des bâtiments et celle du début du XIXe siècle, au moment de la réalisation des plans, a été rendue possible par l’utilisation d’un SIG. La précision des relevés actuels et des cadastres anciens garantissent la fiabilité des résultats. Sans offrir la possibilité de dater précisément les bâtiments, cette étude fait ressortir une certaine mobilité des burons et de leurs annexes, en apparence figées dans l’espace.

En effet, si le nombre de structures n’a pas changé, un tiers environ ne se situe plus au même emplacement qu’au début du XIXe siècle. Deux autres plans ont été découverts, tous deux du XVIIIe siècle. Le premier est très schématique tandis que le second, daté de 1782, extrêmement riche en données de toutes sortes, n’est toutefois pas assez précis topographiquement pour être intégré dans un SIG.

Ce mémoire de master basé sur une méthode pluridisciplinaire, renouvelle l’approche d’un sujet peu exploré par les chercheurs, malgré l’importance économique et sociale pour le département de l’activité pastorale laitière bovine, durant toute l’époque moderne, et jusqu’à la fin du XXe siècle. En outre, il contribue, par son important corpus d’annexes, à la préservation de la mémoire d’un patrimoine en voie de disparition.