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1946 et 2007
Les burons perdus
Les burons perdus
Gustave Burnol, Edition du Sagitaire

La Revue de la Haute Auvergne présenta fin 1946 le livre de Gustave Burnol. Nous prenons des extraits de cette présentation qui ne manque pas de lyrisme.

« Voici un livre tout empreint de la poésie de la haute montagne, tout imprégné d’une humanité spéciale… Il nous retrace en effet la vie des buronniers d’une des plus pittoresques régions du Cantal, celle du Puy-Violent, du Bois Noir et de la vallée de l’Aspre. Il nous décrit l’existence très particulière de ces hommes « simples et durs qui du printemps à l’automne vivent au plus large du ciel dans une quasi solitude, semblant rivaliser de solitude et de mutisme comme s’ils étaient liés par un pacte de silence.

Les plus jeunes même deviennent vite avares de mots, lents et taciturnes. On dirait que la parole expire et se dissout dans l’immensité vide de la montagne. Les cris, les jurons, les appels sonores, échos de la vie d’en bas, se retrouvent dans l’accomplissement des besognes quotidiennes, mais une fois les bêtes soignées et parquées, la traite finie, les voix, comme laminées par le vide de l’air et l’énormité de l’espace, se taisent ou prennent un accent plus sourd.

Du pâtre au vacher, semble se communiquer une sorte de passivité de roche et d’arbre qui les laisse assis côte à côte dans leur masut aussi inerte que des minéraux. Ce qu’ils sentent, ce qu’ils pensent, ils sont aussi incapables de l’exprimer que d’en ressentir le besoin. Le temps de l’estivage leur est une cure de paix qui laisse leur esprit et leur cœur en sommeil….

En une suite de petits tableaux, dressés d’une plume alerte et légère, l’auteur nous raconte la vie des hommes et des bêtes, ces bêtes dont ils ont la responsabilité vis-à-vis du maître, dont ils doivent tirer les fromages impeccables qui rouleront ensuite vers la ville et s’en iront même à l’étranger confirmer l’excellence de nos produits laitiers.

Gustave Burnol nous fait assister à cette vie journalière toujours la même mais où parfois les colères célestes, les tempêtes, les accidents de la montagne mettent une note et causent des épisodes tragiques et la perte d’animaux de grande valeur, et parfois aussi des défaillances morales, résultat de la trop grande solitude.

Toute cette existence des burons si spéciale, si simple, nous est retracée dans une langue sans prétention, ne dissimulant pas parfois la rudesse d’expression des buronniers qui est celle de tous les paysans de chez nous astreints à une dure tâche. Nous ne saurions trop recommander la lecture de ce petit livre… »

Extrait de la Revue de la Haute-Auvergne 1945-1946 Tome XXXI, p292

Réédition en 2007, aux Editions Créer