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LE QUINCAILLER D’ALLANCHE
Le réparateur des écrémeuses
Le réparateur des écrémeuses

Imaginez le désarroi des buronniers, là-haut sur leurs montagnes du Cézallier, quand l’écrémeuse, la machine indispensable pour briser la tome à fromage, ne fonctionnait plus. Il ne restait plus qu’une seule solution : appeler rapidement Henri Kaiser le quincaillier d’Allanche, spécialiste des articles de laiterie.

Il n’y avait pas plus compétent que Henri Kaiser sur le Cézallier pour trouver le problème et redonner aux écrémeuses toute l’efficacité de leur fonction.

Carte de visite de la petite entreprise

« C’est vers mes douze ans que j’ai commencé à accompagner mon père dans les burons du Cézallier pour réparer le matériel nécessaire à la fabrication du fromage. La machine qui tombait le plus souvent en panne, c’était l’écrémeuse. Mon père, très adroit, s’était fait une spécialité de réparateur d’écrémeuse. Tous les buronniers le connaissait. Lorsque la machine tombait en panne, l’un des hommes du buron descendait aussitôt à Pradier à la cabine téléphonique publique pour appeler mon père. Elle était installée chez Mademoiselle Belon, couturière du village. Par la suite ce fut aux cafés Messerli ou Brugerolle.

L’écrémeuse utilisé dans les burons du Cézallier était presque toujours de la marque « Alfa Laval », une société qui avait son usine de fabrication à Nevers et qui vendait également des machines à traire et des installation de laiteries dans les années 50.

L’écrémeuse était un matériel indispensable dans les burons. Après le caillage du lait dans la gerle, le caillé était esséché du petit lait qu’il contenait. Il était ensuite mis en tas et pressé pour faire le fromage tandis que le petit lait était passé dans l’écrémeuse pour en retirer la crème qui servait à faire le beurre. Le reste du petit lait extrait de sa crème était donné aux cochons pour les engraisser.

Le plus souvent, les interventions sur les écrémeuses concernaient le réglage de la vis à crème, exercice très pointu que mon père assurait facilement dû à son expérience, les soudures des assiettes se trouvant dans le bol et le changement des roulements.Retour ligne automatique
Le tournage de l’écrémeuse se faisait à la main avec une grande manivelle à manœuvrer avec force mais toute en douceur afin d’éviter les secousses.Retour ligne automatique
La réparation devait être rapide. Si la réparation demandait un certain temps, mon père emportait l’écrémeuse dans son atelier d’Allanche. Une écrémeuse de dépannage était prêtée et installée au buron par mon père. Lorsque je l’accompagnais, je faisais le manœuvre en lui passant les outils, cela m’a permis durant quelques étés de faire le tour des burons du secteur Allanche-Pradiers-Vèze.

Les rapports entre mon père et les buronniers étaient très cordiaux. Une fois la réparation terminée, c’est un bon casse-croûte qui nous attendait. Une bonne tranche de jambon cru suivi du fameux Cantal sorti directement de la cave. Je me souviens de son goût incomparable. Le tout, servi avec le vin rouge tiré du tonneau, une affreuse piquette que j’avais du mal à avaler et pas seulement à cause de mon âge. Mais les buronniers le trouvait à leur goût.Retour ligne automatique
Avant de quitter le buron, un dernier contrôle de l’écrémeuse s’imposait. Mon père en bon commerçant en profitait aussi pour proposer des articles les plus courants pour les activités à l’estive : graisse à traire de sa fabrication, toile à fromage, brosse à chiendent, balai piazza, tablier de laitier, présure, huile pour l’écrémeuse…Et nous repartions vers Allanche confiant après avoir redonné vie à l’écrémeuse… »

source : site cézalliersianne.asso.fr