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PLATEAU DE SALERS (4)
L’indivision des montagnes à partir de 1875
L’indivision des montagnes à partir de 1875

Concernant les montagnes du plateau de Salers, une question vient immanquablement à l’esprit . Pourquoi ne les partageait-on pas plus souvent pour éviter toutes les contraintes alors que rien ne s’opposait aux partages, la règle étant que nul n’était obligé de rester dans l’indivision malgré soi. Quelques réponses des historiens Chabrol et d’Alfred Durant pour comprendre.

Les partages présentaient des difficultés que Chabrol a très bien analysées. "La nature de cette sorte de biens et la forme de l’exploitation exigent qu’il s’y trouve des fontaines ou ruisseaux pour désaltérer les bestiaux, des abris ou ils puissent se garantir des ardeurs du soleil,des fumades, c’est à dire dans le langage du pays, des lieux fixes ou les bestiaux se tiennent successivement pour engraisser-,les différentes parties de la montagne et d’autres enfin où,cessant de pacager,ils puissent se reposer ce qu’on appelle en idiome du pays des pousadoux".

Ces montagnes sont ordinairement d’une grande étendue et on y trouve réunis, d’un côté ou de l’autre ces différents avantages dont il serait difficile d’assigner une part égale à chacun par partage, surtout pour les petits lots. De plus ajoute-t-il, il est nécessaire que dans les montagnes à vaches il y ait un nombre déterminé de taureaux, celui qui n’aurait qu’une petite portion de la montagne ne pourrait pas y entretenir toujours le nombre proportionnel de vaches et de taureaux destinés à leur usage. Enfin la montagne divisée exigera toujours plus de personnel, celui qui n’aura qu’une tête sera obligé à autant de frais que le propriétaire de vingt.
Il est de l’intérêt général que des particuliers peu riches ne soient pas exclus de la possession de ce genre de biens, le plus précieux de la Haute-Auvergne.
Concernant toujours ces montagnes dénommées « domaines à vacherie », la surface ne s’évalue pas en hectares mais "en tête d’herbage" et il est rare qu’une exploitation de moins de dix vaches ait sa montagne.
Partant de cette constatation, Alfred .Durant a proposé dans son étude la typologie suivante : dans les zones ou prédomine l’élevage on peut considérer comme petite propriété celle qui a moins de dix vaches, moyenne propriété de dix à vingt cinq vaches, grande propriété plus de vingt cinq vaches, étant entendu qu’il
faut deux hectares par vache, mais qu’un seul suffit sur des sol très fertiles comme ceux de la région de Salers.

Le partage des montagnes commença à partir de 1875 et se termina, en ce qui concerne les montagnes de la Commune d’Anglards-de-Salers, vers 1910-1914.
Une exception toutefois pour la montagne "de Masseport", limitrophe de nos montagnes,qui était toujours en 2002 en indivision entre un notaire de Saint-Cernin et la ville de Mauriac.

Les vaches de tous ces troupeaux paissaient ensemble, puis d’elles-mêmes se séparaient quand le moment de la traite était proche. Seuls le buron et la fumade étaient distincts. Un règlement limitait le nombre de têtes à nourrir.
Henri Didelot